« Comment les lieux de travail deviennent-ils toxiques » : différence entre les versions

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==La culture du travail est imbriquée : elle découle de la macro-culture et comporte des micro-cultures==
==La culture du travail est imbriquée : elle découle de la macro-culture et comporte des micro-cultures==
Les organisations ont une influence limitée sur leurs cultures. Il ne s'agit pas d'un ensemble de cadrans qu'elles peuvent régler avec précision. En fait, les dirigeants des organisations ne peuvent pas faire grand-chose pour influencer directement et immédiatement la culture, et ce pour une raison simple : la culture est un stock, pas un flux.
Les organisations ont une influence limitée sur leurs cultures. Il ne s'agit pas d'un ensemble de cadrans qu'elles peuvent régler avec précision. En fait, les dirigeants des organisations ne peuvent pas faire grand-chose pour influencer directement et immédiatement la culture, et ce pour une raison simple : la culture est un stock, pas un flux.<br/>
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Dans la [https://donellameadows.org/wp-content/userfiles/bathtubs101.pdf pensée systémique], les stocks sont quelque chose qui se construit (ou s'épuise) au fil du temps, en fonction des flux entrants et sortants. Ainsi, la richesse est un stock, le revenu est un flux. Un lac est un stock, tandis que les rivières qui y entrent et en sortent et la pluie sont des flux.<br/>
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La culture est l'ensemble des attentes, des normes et des habitudes qu'un groupe de personnes a accumulées au fil du temps. Le flux qui construit ce stock est ce que le groupe vit : ce qu'il entend, ce qu'il fait, ce qu'il voit les autres faire. Cela rend la conception de la culture difficile, car tout ce que vous dites ou faites pour influencer une culture n'est qu'une goutte d'eau dans le stock d'expériences. C'est pourquoi la conception de la culture organisationnelle implique souvent des rituels : la répétition délibérée de comportements imprégnés de signification pour créer un stock d'expériences partagées.<br/>
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Cependant, si ce stock a déjà été rempli au fil du temps par des expériences toxiques, il en faudra beaucoup pour les remplacer. On ne peut pas changer une culture toxique du jour au lendemain.<br/>
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Mais il y a pire : les expériences vécues par les personnes commencent bien avant qu'elles ne se présentent sur le lieu de travail. Nous apportons des attentes et des habitudes de nos anciens employeurs, de notre vie personnelle, de notre trajet domicile-travail, qui se répercutent sur nos cultures professionnelles. Parce que nous vivons dans une société qui normalise le racisme et la misogynie, ceux-ci s'infiltrent également dans nos cultures professionnelles.<br/>
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La raison pour laquelle les cultures professionnelles peuvent être différentes dans ce contexte est que le travail en commun implique le partage d'un grand nombre d'expériences avec un petit groupe de personnes. C'est aussi la raison pour laquelle les équipes ou les départements de l'organisation ont des micro-cultures.<br/>
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Mais revenons à l'analyse faite par Sulls/Zweig de la "Grande Démission" : si de nombreuses démissions se produisent dans tous les secteurs, et si ces démissions sont dues (au moins en partie) à des cultures de travail toxiques, on peut se demander comment tant de cultures de travail sont devenues toxiques en même temps. Une grande coïncidence ? La 5G en est-elle la cause ? Mercure est-il en phase rétrograde ?<br/>
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Il n'est pas nécessaire d'avoir recours à la théorie du complot pour voir que quelque chose de plus grand et de plus grave se produit à un niveau macroéconomique. La Maison Blanche et d'autres ont parlé d'une "crise nationale de la santé psychique", due en partie au traumatisme collectif de la pandémie. [https://dalgoso.medium.com/presence-is-a-privilege-ff829d0dd6e6 J'ai ressenti cela] comme une lutte pour être présent. Pour certains, cela se manifeste de manière plus extrême, comme [https://www.nytimes.com/2022/03/22/health/alcohol-deaths-covid.html l'abus d'alcool], [https://www.webmd.com/lung/news/20220215/traffic-deaths-surge-during-pandemic la conduite dangereuse] et [https://www.unwomen.org/en/news/in-focus/in-focus-gender-equality-in-covid-19-response/violence-against-women-during-covid-19 la violence domestique], qui ont toutes augmenté au cours des deux dernières années.<br/>
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Je n'ai pas la preuve que cette toxicité sociétale se répercute sur les cultures d'entreprise, mais comment pourrait-il en être autrement ? Si chaque expérience accablante de notre vie nous rend plus coléreux, moins empathiques, plus étroits d'esprit, plus distraits, et pire encore, il faudrait un contrepoids écrasant d'expériences pour construire une culture d'entreprise ou d'organisation nourricière dans ce contexte. Certains changements structurels dans la manière dont les personnes travaillent et évoluent dans leur carrière peuvent y contribuer : l'analyse de Sulls/Zweig met l'accent sur les opportunités d'emplois alternatifs, les possibilités de travail à distance et (en particulier pour les travailleurs du secteur des services) les horaires planifiés. Bien que nous puissions plaisanter à propos des rencontres forcées lors des événements sociaux organisés par les entreprises, le fait de disposer d'un espace pour se relier à ses collègues en tant qu'êtres humains peut également s'avérer utile.<br/>
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Mais il s'agit surtout d'aider les entreprises à "gagner" la guerre des talents contre leurs concurrents. À quoi cela sert-il si les facteurs de toxicité sont exogènes à votre secteur ? La métaphore des chaises longues sur le Titanic semble inadéquate.<br/>
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[https://dalgoso.medium.com/presence-is-a-privilege-ff829d0dd6e6 Comme je l'ai écrit le mois dernier] :
''Nous avons la version sociétale d'un immense déversement de produits chimiques, mais nous le traitons comme si tout le monde avait mystérieusement attrapé un cancer en même temps.''
 
Il s'agit d'un macro-problème qui nécessite au moins quelques macro-solutions. Il dépasse le cadre de votre organisation. Même au niveau micro, il existe souvent un facteur important qui limite ou favorise les cultures nourricières, et c'est l'autre raison pour laquelle les organisations ne mettent pas tout en œuvre pour créer des cultures nourricières : une culture toxique découle généralement d'un leadership toxique.<br/>
 
==La culture est le reflet du leadership==
Qui est responsable de la culture d'une organisation ? Il convient ici de trouver un point d'équilibre. Les exemples que j'ai cités ci-dessus impliquent tous à la fois un leadership et une culture toxiques - ils sont corrélés, et il y a une certaine causalité, mais ce n'est pas la même chose.