Le modèle de supervision à 7 yeux de Peter Hawkins
Auteur : Nadia Peeters
Source : The Peter Hawkins 7 Eyes Supervision Model
Date : 24/09/2020
Traducteur : Fabrice Aimetti
Date : 20/06/2024
Traduction :
Ces dernières semaines, j'ai mis en place deux nouveaux groupes de supervision, un espace collaboratif de soutien, de découverte de soi et de développement professionnel pour les coachs, qui est de plus en plus présent en Espagne.
Le travail consiste à réfléchir ensemble sur divers sujets liés à notre pratique du coaching. Cette période de pandémie nous montre l'importance de prendre soin de nous-mêmes et de chercher du soutien. C'est un aspect de notre vie professionnelle que nous ne devons pas négliger, surtout si nous nous consacrons à l'accompagnement d'autres personnes.
La méthode de supervision offre de nombreuses techniques et modèles pour guider la réflexion, et l'un des plus importants est le modèle de supervision "Seven Eyes". Il a été créé en 1985 par Peter Hawkins pour la supervision des psychothérapeutes, puis développé avec Robin Shohet pour d'autres professions de l'aide. Hawkins, penseur et expert en leadership et en changement organisationnel, l'a ensuite adapté avec d'autres collègues du Bath Consultancy Group au monde du coaching, du mentorat, du coaching d'équipe et du conseil en organisation (1995). Il est désormais enseigné au niveau international dans toutes les formations de superviseurs de coaching.
Il s'agit d'un modèle relationnel et systémique : il explore les relations entre le coach, le client et le superviseur (partie relationnelle) et examine la manière dont ces relations s'influencent mutuellement et influencent d'autres éléments du contexte (partie systémique). Cela en fait également un modèle intéressant à appliquer dans le cadre du coaching, avec des clients qui souhaitent explorer des questions relationnelles.
Les 7 yeux
Le coach supervisé formule sa question de supervision, par exemple "Je veux comprendre comment débloquer le processus avec un client qui ne fait pas les progrès escomptés", et le modèle propose sept perspectives différentes ("yeux") à partir desquelles regarder le cas amené et générer une nouvelle prise de conscience chez le coach.
Œil 1 : Le client
Dans cette première perspective, des informations sur le client, son entreprise ou son environnement, les objectifs de coaching convenus, la fréquence des séances, etc. sont abordées, ainsi que des détails sur la façon dont le client se présente au coach : la première impression, la façon dont il est assis, sa posture ou sa façon de parler. L'objectif est de décrire ce qui est observable sans tomber dans la tendance à interpréter ces faits et à inventer une histoire.
Œil 2 : Interventions du coach
Le deuxième œil explore les différentes interventions du coach auprès du client. Il est intéressant de savoir, par exemple, si une intervention est faite plus souvent que d'autres ou ce que le coach a décidé de ne pas faire. La réflexion vise à générer de nouvelles idées à appliquer lors de la prochaine séance avec le client.
Œil 3 : La relation coach-client
Je trouve le troisième œil fascinant. Ici, l'accent est mis sur la relation entre le coach et le client, afin de révéler des dynamiques ou des schémas qui fonctionnent et dont le coach n'est pas conscient. Dans cet œil, il est très courant d'utiliser des métaphores, qui communiquent très bien les informations les plus cachées.
Œil 4 : Le coach : La propre expérience du coach
L'œil 4 se concentre sur la manière dont le coach vit le processus de coaching. Quels sont les sentiments, les émotions, les réactions ou les souvenirs qu'il suscite ? Parfois, l'interaction avec un client peut stimuler chez le coach des réactions liées à sa propre vie, et le fait de comprendre cela peut éviter que ces réactions ne soient projetées sur la personne coachée. Cette perspective englobe également les besoins du coach en matière de bien-être et de développement professionnel.
Œil 5 : Le processus parallèle
La cinquième perspective nous invite à observer s'il existe des parallèles entre ce qui se passe dans la rencontre entre le superviseur et le coach supervisé, c'est-à-dire la séance de supervision, et la relation de coaching que le coach entretient avec son client. Par exemple, un coach peut inconsciemment traiter son superviseur de la même manière que son coaché le traite. La capacité du superviseur à remarquer la dynamique relationnelle dans la supervision, et à articuler ce qu'il observe, fournit des informations précieuses pour la réflexion du coach.
Œil 6 : Le superviseur
Cet œil va de pair avec le précédent et traite des réflexions ou des sentiments qui surgissent chez le superviseur pendant la supervision. Au lieu de les interpréter comme s'ils lui étaient propres, le superviseur les met au service du coach supervisé en tant que signaux susceptibles de révéler quelque chose sur son cas.
Œil 7 : Le contexte élargi
Le dernier œil nous invite à considérer le cas de coaching comme faisant partie d'un contexte beaucoup plus large, organisationnel, sectoriel, social, culturel, etc. Un regard systémique pour explorer comment ces influences externes peuvent agir sur la situation du client, ou pour comprendre que ce qui semblait être un défi individuel pour le coaché, reflète en fait l'impact de dynamiques et de modèles présents dans tout un système.
Et pour tous ceux qui souhaitent en savoir plus sur la supervision, je recommande l'ouvrage de Peter Hawkins et Nick Smith, "Coaching, Mentoring and Organizational Consultancy. Supervision, Skills & Development", Open University Press, McGrawHill (2013).